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Industrie 4.0 : chiche !

Dans tout bricoleur, il y a un créateur qui sommeille. Reveillons-le ! Cela pourrait être le slogan des Fab Labs qui essaiment depuis une petite dizaine d'années aux États-Unis d'où le concept a émergé, et désormais en France avec cinq sites labellisés. De quoi s'agit-il ? De mini-coopératives mettant à disposition du public imprimantes 3D, machines-outils, machines à coudre, postes de soudure, matériel de bricolage… ainsi que les solutions informatiques pour piloter ces équipements et développer vos idées. L'objectif est de permettre à des non-spécialistes de créer et de fabriquer toutes sortes d'objets pour réparer un bien de consommation, voire en créer un totalement nouveau. Une condition pour y accéder : le partage des compétences et des travaux réalisés avec la communauté. L'Open Source est la règle et favorise l'entraide indispensable au développement des projets menés dans ces Fabrication Laboratory.

 

Local Motors est l'application typique de ce concept. Cette start-up américaine créée en 2007 réunit aujourd'hui 13 000 passionnés d'automobile. Le résultat ? Le Rallye Fighter, un 4×4 ultra sportif développé en partie grâce à cette communauté. Le style de la voiture, ainsi que certaines pièces mécaniques sont issus des meilleures propositions des internautes. Même l'assemblage du véhicule est participatif, puisque la voiture est livrée sous forme de kit dans les ateliers du constructeur à Phoenix, Arizona. Bien entendu, toutes les données techniques du joujou sont disponibles sous licences semblables à l'Open Source. Le créateur de Local Motors est ambitieux, il vise à « révolutionner la production de voitures en remplaçant les usines géantes par de mini-unités de production proches des clients ». Il a d'ailleurs ouvert sa communauté d'ingénieurs à des projets externes. Le fabricant de vélos B'twin, mais aussi le constructeur de camions Peterbilt sont les premiers à avoir lancé des projets à travers la « Forge » Local Motors.

 

Phénomène marginal ou prémices d'une révolution industrielle ? L'avenir nous le dira. Il  ne faudrait pas cependant sous-estimer ce type d'initiatives. Car d'autres facteurs concourent à une remise en question forte de l'industrie fordienne que nous connaissons et qui est en pleine crise. La diffusion des imprimantes 3D (voir article p. 20), l'émergence de prestataires de fabrication rapide, le crowd sourcing, les micro-usines aux USA ou au Japon, enfin, plus importants, de nouveaux consommateurs avides de produits plus écolos et plus personnalisés, vont bousculer les méthodes de développement et de production. Sous certains aspects ce contexte est éminemment anxyogène. Les bouleversements sont tellement rapides, que l'on n’est plus en mesure de définir un axe précis et une feuille de route. Mais c'est également une opportunité pour que l'industrie française renaisse de ses cendres et prenne enfin la place qui lui revient. Comme le dit la Française des Jeux : 100% des gagnants ont tenté leur chance.

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