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La fin du travail ?

Inutile d'être grand clerc pour observer que les progrès technologiques liés à l'informatique et à la robotique notamment bouleversent le monde du travail, plus sûrement sans doute que la mondialisation galopante de notre économie. Rien de nouveau sous le soleil de cette révolution numérique. De nombreux métiers ont déjà disparu par obsolescence ou furent remplacés par des solutions plus avantageuses. Seulement, le phénomène semble s’accélérer avec, à la clé, une angoisse croissante des populations vis-à-vis de leur avenir professionnel.

 

Les études qui se succèdent sur le sujet ne sont en effet guère rassurantes. La plus récente a été réalisée par deux chercheurs de l'Université d'Oxford. Elle classe plus de 700 métiers qui pourraient disparaître dans un futur proche. On trouve en tête de liste les télé-conseillers, généalogistes, officiers d'état-civil, prescripteurs d'assurance, horlogers, caissiers, etc. Le secteur manufacturé y est décrit comme le plus menacé. De nombreux postes salariés sont en effet transférés vers des emplois de service faiblement rémunérés, où la machine n'est pas prête de remplacer l'Homme. En fait, toutes les tâches répétitives, donc susceptibles d'être codées en langage informatique, sont sur la sellette. Pour les États-Unis, les deux chercheurs estiment que « 47% des emplois pourront être confiés à des machines ou ordinateurs intelligents d'ici 20 ans ».

Deux ans plus tôt, deux économistes du MIT, Erik Brynjolfsson et Andrew McAfee publiaient « Race Against the Machine ». Une autre « étude scientifique » semblable vérifiant en partie la prédiction de John Maynard Keynes : entre l'homme et la machine, la course est perdue d'avance. L'économiste écrivait en 1930 que « la vitesse à laquelle nous découvrons de nouveaux moyens d'économiser de la force de travail dépasse celle à laquelle nous découvrons de nouveaux moyens d'employer cette force de travail ». Selon Brynjolfsson et McAfee, nous ne sommes qu'au début d'une mutation radicale du marché de l'emploi. Sur ce terrain, le progrès technologique à venir ne fera qu'empirer la situation des pays développés.

 

Alors quoi, serait-ce « la fin du travail » comme le prédisait en 1995 Jérémy Rifkin dans un ouvrage éponyme ? C'est un avenir possible. Mais le même J. Rifkin vient de publier un nouvel opus plutôt optimiste : « The Zero Marginal Cost Society » qui annonce en résumé le remplacement du capitalisme par les mouvements collaboratifs et la production à petite échelle ! Tout cela à base d'Internet des objets, d'énergie renouvelable, de logiciels libres, d'économie mutualiste, d'intelligence artificielle ou encore d'imprimantes 3D… Bref, un monde d'abondance où la production de biens et de services ne coûterait presque plus rien, où nous serions tous solidaires et empathiques les uns envers les autres…

 

Alarmisme des uns, prédiction idyllique des autres… Une seule chose me parait sûre, ce que me répétait ma grand-mère quand j'étais enfant : l’oisiveté est mère de tous les vices !

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