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Dossier formation : Formation, mode d’emploi

Enjeux économiques, professionnels, personnels, tout pousse aujourd’hui les salariés à se former tout au long de leur carrière. Etre acteur de son parcours professionnel, progresser dans son métier ou simplement conserver sa place actuelle exigent une adaptation régulière de ses compétences et connaissances.

 

 

Le contexte structurel et conjoncturel

Le contexte actuel est plutôt favorable à l’exigence de formation continue. Depuis plus d’une vingtaine d’années, la règlementation, les organismes paritaires, régionaux et les syndicats professionnels ont tissé une structure efficace de formation pour adultes. La législation prévoit en effet que toute entreprise, quelle que soit sa taille, doit participer à la formation de ses salariés. Selon sa branche d’activité et sa masse salariale, elle verse donc une cotisation annuelle à un fond collecteur. A charge pour cet organisme de proposer un encadrement pédagogique et financier pour les salariés qui souhaiteront parfaire leur formation à travers les fameux DIF, CIF et autres VAE.

Les entreprises peuvent également mettre en place un plan de formation spécifique à leurs décisions stratégiques et choisir les salariés qui en bénéficieront. Le déploiement de la CAO 3D, un changement de solutions, l’intégration progressive de la simulation numérique dans les phases conceptuelles, la démarche PLM… bref autant de nouveaux outils et procédures à intégrer et maîtriser au plus vite.

Les structures existent, les besoins sont évidents, il semble en plus que c’est le bon moment ! L’industrie est en effet la proie d’une double crise. Economique d’abord suite à l’éclatement de la bulle financière, technique ensuite pour répondre aux nouveaux défis écologiques : voiture dépolluée, réglementation environnementale, raréfaction des énergies renouvelables, etc. Une situation qui impacte directement la politique des entreprises. Pour le chef d’entreprise, le problème est simple : « pour rester compétitif je dois, entre autres, former mes salariés aux nouvelles technologies. Ca tombe bien, mon carnet de commandes est vide… Y vont avoir du temps ! » D’où la multiplication ces derniers mois des contrats de formation dans l’industrie qui s’inscrivent notamment lors des périodes de chômage technique.

 

La tendance

Une tendance qui se vérifie dans les chiffres. Selon le Fafiec*, les métiers de l’ingénierie (bureaux d’études) représentent  en 2009 près de 16 000 entreprises et 182 000 salariés, dont la très grande majorité sont des TPE. Chantal Buffet, responsable de l'antenne IDF Ingénierie : « entre octobre 2008 et juillet de cette année, ces entreprises ont effectué 3 710 périodes de professionnalisation, contre seulement 933 sur la même période l’an passé ! Elles ont enregistré près de 37 000 actions de formation continue contre 29 000 sur la même période l’année précédente. »

Le top 5 des formations les plus demandées ? Les techniques de l’ingénieur, la DAO/CAO, l’anglais, mais également les formations liées à la sécurité, ainsi que la gestion de projet. « Sur le secteur du bâtiment, les attentes de formation sont principalement axées sur le développement durable. Les thèmes porteurs sont l’amélioration énergétique des bâtiments existants, le diagnostic immobilier, la démarche HQE et les règlements thermiques lancés en 2005 ». Les études de prospective de l’OPIIEC* montrent également un redémarrage du secteur nucléaire. Il s’agit de revaloriser les sites existants et de faire face à une nouvelle compétition internationale grâce à un personnel mieux formé.

Outre son catalogue de formations transversales, le Fafiec propose des Actions Collectives sur des thématiques prioritaires, nationales ou liées à un bassin d’emplois. Pour la branche Ingénierie/Bureau d’étude, quinze thématiques sont disponibles et couvrent des connaissances métier comme l’Amdec, la cotation fonctionnelle, le tolérancement ISO et 3D, mais également applicatives avec des formations autour de Catia V5, SolidWorks, Delmia, ou encore Primavera (gestion de projet) et PDMS (piping). Ces formations ont également des orientations sectorielles identifiées comme prioritaires par le CPNE* et l’Opiiec* : nucléaire, ingénierie aéronautique et développement durable. Ainsi, depuis janvier 2007, entre 800 et 900 stagiaires ont été formés chaque année aux normes HQE ; SolidWorks et Catia (projet nucléaire) ont fait le plein de leur côté avec respectivement 407 et 298 stagiaires formés depuis mars 2009.

 

L’expérience

Le logiciel n’est pas tout. La manière de s’en servir, les procédures qui accompagne son déploiement dans l’entreprise… comptent parfois plus que ses performances intrinsèques. Le service, et la formation en particulier, tiennent désormais une large place dans le chiffre d’affaires des éditeurs de solutions de PLM. Cela profite également à de nombreux cabinets spécialisés, appelés comme facilitateur de projets. C’est le cas d’Enora Consulting, une petite structure codirigée par William Porret : « L’accompagnement du changement passe obligatoirement par une étape de formation des équipes concernées. Combien d’outils et de procédures sont abandonnées ou contournées par les employées par manque de formation. Les échecs sont généralement dus à deux cas de figure courants. Premier cas, les salariés sont formés après la mise en place de l’outil et la refonte des procédures. Mis devant le fait accompli, ils adhèrent difficilement au projet. Résultat, les dirigeants tentent le passage en force, d’où la formation de « poches de résistance », voire l’abandon du projet sur le service le plus récalcitrant. Second cas, on « oublie » certains services de l’entreprise, comme les achats ou la maintenance, lors de la mise en œuvre d’un nouvel outil qui impacte indirectement sur leur quotidien. Avec à la clé les mêmes difficultés que dans le point précédent. L’un de nos clients pourrait illustrer un troisième cas de figure : il a intégré très tôt toutes ses équipes et leur a demandé de participer à toutes les décisions. Résultat, dans le meilleur des cas un consensus mou, et au final l’abandon du projet et des trois mois d’études de deux consultants ! »

L’expérience montre qu’il est donc nécessaire de travailler avec un panel représentatif large de l’entreprise, mais structuré par un sponsor du projet. « Et puis, le leader projet ne doit pas demander l’avis de tous. Il est en revanche pertinent de sensibiliser les parties concernées à la mise en œuvre de la démarche de progrès. Notamment dans le cadre d’un projet PLM, qui associe des salariés qui n’ont pas l’habitude de travailler ensemble, qui n’ont pas les mêmes objectifs, ni le même vocabulaire. Et qui s’accompagne souvent d’une refonte des processus ! » Conclut-il.

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