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Les outils deviennent high-tech

Pour former les utilisateurs aux applications de PLM, les sessions en salles de classe dominent. Mais de nouvelles solutions construites autour des possibilités offertes par Internet sortent du bois.

 

Acheter un logiciel, c’est bien, mais cela ne suffit pas. « Les outils sont une chose, la connaissance en est une autre. Si on ne dit pas aux utilisateurs qu’ils peuvent aller deux fois plus vite en utilisant un module qu’ils ont déjà, ils ne le trouveront certainement pas par eux-mêmes », commente Jean-Louis Cottin, directeur du département Education de Cadware, revendeur de SolidWorks. Autrement dit, il faut les former. Et cela est vrai à l’achat du logiciel, mais aussi ensuite. Or, « Quand un client passe à une nouvelle version, il prévoit un grand plan de formation, mais il est fréquent que rien ne soit prévu pour accompagner les utilisateurs ensuite, lors de la sortie des mises à jours » commente Michel Recan, en charge des solutions de formation de Dassault Systèmes (DS). Résultat, ils utilisent les nouvelles versions comme les anciennes sans tirer parti des nouvelles fonctionnalités, pourtant développées à leur demande…

 

Les éditeurs multiplient les contenus

Les éditeurs en ont pleinement conscience et offrent beaucoup de matière à leurs revendeurs et partenaires spécialisés dans la formation. En règle générale, il s’agit de contenus « corporate » employant des visuels et des modèles conçus pour faciliter la compréhension. Selon l’éditeur et le degré de certification du partenaire, ce dernier peut les modifier, voire en créer lui-même. « Nous utilisons des contenus standard mais nous pouvons aussi développer des contenus sur-mesure pour un client », confirme Olivier Bellaton, le directeur général de CADécole.

Chez DS, on standardise la spécialisation. « Nous déclinons les formations selon le domaine d’activité et le métier des utilisateurs », explique Michel Recan. Avec des experts, DS a ainsi défini quatre profils types en automobile (châssis, caisse en blanc, moteur, électricité) et deux  en aéronautique (design et assemblage), auxquels correspondent des contenus spécifiques. « Cela permet de n’apprendre aux personnes formées que ce qui leur est utile de savoir et de ne pas leur enseigner ce qu’elles savent déjà », commente le responsable des formations. Et accessoirement de gagner du temps. « Pour certains profils de l’automobile, cela a permis de réduire des cycles de formation de 10 jours à 7 », déclare-t-il.

 

Surtout des cours en salle

Traditionnellement, en particulier en France, les formations sont dispensées aux industriels par les revendeurs des logiciels lors de cours en classes. Selon le cas, ces sessions de trois à quatre jours, et parfois plus, sont organisées chez le formateur ou chez le client. « On opte souvent pour cette dernière solution en FAO car il y a moins de personnes à former qu’en CAO », commente Olivier Bellaton. En salle, les formateurs utilisent des outils classiques, à commencer par Microsoft PowerPoint ou Adobe Acrobat. D’autres solutions existent, comme Presenter et Studio 9 de Articulate, qui permettent de réaliser des présentations animées. Les exercices imposés aux stagiaires sont réalisés directement sur des stations équipées pour l’occasion.

« Pour une formation relative à une mise à jour, un cours en classe est trop lourd », déclare Michel Recan. Depuis quelques années, les professionnels utilisent d’ailleurs pour cela plutôt les Webinars sur Internet. Le principe est simple : l’éditeur invite des utilisateurs à s’inscrire sur son site pour une présentation tel jour, à telle heure. Le jour dit, à l’heure dite, les participants se connectent et suivent la présentation sur leur écran, en ayant si nécessaire préalablement installé la visionneuse adéquate sur leur ordinateur. Ils peuvent également poser des questions à l’orateur. Cette solution permet notamment d’éliminer les frais de transport des participants et ne leur monopolise qu’une petite partie de la journée. D’autant que ces webinars peuvent généralement être visionnés en direct ou en différé. En revanche, « il faut faire court et aller à l’essentiel. Et ce ne sont que des présentations avec une interactivité limitée », commente Jean-Louis Cottin. Et surtout, « ces solutions online ne permettent pas de s’assurer que l’on a bien toute l’attention des participants », regrette Richard Comte, directeur pour la France des ventes Industries manufacturières d’Autodesk, dont le réseau est cependant très coutumier de ces événements sur le web.

Les outils disponibles pour mener ces webinars sont de plus en plus nombreux. Les professionnels retiennent généralement Gotowebinar et Gotomeeting de Citrix, et Webex, de Cisco, ou encore Adobe Connect Pro. Il en existe d’autres moins connus comme Mediasite de SonicFoundry, par exemple. Dans ce domaine, la politique des éditeurs est variable. Tous laissent le choix de l’application à leur partenaire ; certains, tel SolidWorks, leur proposent un accès gratuit à une solution en particulier (en l’occurrence Gotomeeting).

 

Le online arrive

Ces outils permettent désormais bien plus de chose que simplement assister passivement à une présentation. Les dernières versions de Gotomeeting ou Webex, par exemple, comportent un volet « Chat ». Tous les participants peuvent aussi « lever la main » comme dans une classe pour poser une question et un professeur peut s’adresser à un interlocuteur « en privé » ou prendre la main sur son poste pour l’aider. Il est également possible de donner aux élèves un accès à un logiciel de façon temporaire, pour réaliser des exercices pratiques et les soumettre à des tests. Autant de nouvelles capacités qui ont donné l’idée aux spécialistes de la formation de créer un nouveau type de formation : les classes virtuelles. Les élèves ne s’y voient pas et le professeur ne les voit pas non plus. Pour le reste, tout s’y passe pratiquement comme dans un cours classique.

Ces solutions sont très usitées outre-Atlantique. Et pour cause ! Non seulement elles permettent de s’affranchir des problèmes de distance et de disponibilité, mais elles donnent l’occasion aux élèves de bénéficier des meilleurs professeurs, même s’ils sont à l’autre bout du monde. D’ailleurs les éditeurs eux-mêmes en sont coutumiers. « Nous utilisons beaucoup ce type de solution en interne pour former nos propres équipes », annonce Richard Comte. En revanche, ce nouveau mode de formation n’est pas développé en France. Mais cela bouge. Fort de son succès aux USA, PTC University vient ainsi de lancer un service de classes virtuelles pour ses clients français.

 

Un compagnon qui vous aide

« Outre la formation formelle dispensée par des professionnels, il existe aussi une formation informelle, lorsque l’utilisateur s’instruit tout seul. Cela représente une grande part de son apprentissage », déclare Michel Recan, de DS. Pour assister ses utilisateurs lors de cet auto-apprentissage, l’éditeur met à leur disposition un compagnon. Dans le même esprit que le compagnon de Microsoft Office, cette option supplémentaire offre un accès à toute une série de contenus. « Une recherche par mots clés dirige l’utilisateur vers des écrans qui lui expliquent graphiquement comment réaliser une tâche ou vers des leçons plus complètes », commente Michel Recan. Près de 400 cours sont disponibles. Ce compagnon permet aussi de passer en mode simultanée dans un émulateur pour s’entrainer sans bouleverser le travail en cours ou, enfin, de s’entrainer sur un modèle type. Les entreprises qui optent pour cette option peuvent aussi créer leurs propres contenus.

Le compagnon est installé sur les serveurs de l’entreprise, ou accessible via le web, dans un espace baptisé « compagnon learning space ». Il peut aussi être connecté à un logiciel de Learning management System (LMS, gestion de la formation). Ces outils tels que ceux édités par Saba, Peoplesoft, GeoLearning, Learn.com, X-perteam (WBT Manager) ou encore Brisinger BGI sont des applications qui permettent à des responsables des RH de créer des parcours de formation pour chaque personnel de l’entreprise, de suivre son assiduité et d’évaluer son niveau à tout instant. Evidemment, ils se destinent plutôt à de grandes structures.

 

Un LMS complet chez PTC

Par le biais de sa division PTC University, PTC propose son propre outil de gestion de la formation baptisé Precision LMS. Fruit de deux ans de développement en interne, il donne accès (via le web ou via une version hébergée par l’entreprise) à près de 400 cours (dont bon nombre en français) mêlant textes, animations et sons. Mais pas seulement. « Le client peut sélectionner ses modules, en enlever, ajouter ses propres contenus pour former ses troupes à nos logiciels dans le respect de ses procédures internes», commente Michael McKee, Vice Président de PTC University Europe. De grandes entreprises telle Schneider utilisent cet outil de cette façon. Enfin, l’application intègre aussi un outil de tests et un autre de reporting complet, qui donne le nombre d’utilisateurs, leurs connections, la moyenne de temps de connexion… L’outil en est actuellement à sa version 2.0. « Nous avons 47000 utilisateurs dans 71 pays, et près de 1500 s’y connectent chaque jour », déclare Michael McKee. La version 3.0, qui sortira en juin 2010, sera encore plus flexible et permettra notamment de créer des parcours de formation dynamiques qui s’adapteront aux progrès observés de l’élève.

 

Et demain ?

L’avenir de la formation aux solutions de CAO passera-t-il par des classes complètement virtuelles où l’on pourra suivre un cours en vidéo et où chaque participant pourra voir le professeur et les autres élèves, comme dans la réalité ? « C’est possible avec des outils tel Webex qui supporte les webcams. Mais cela n’est pas nécessaire et la vidéo risque plus de distraire les élèves qu’autre chose », juge Will Bailey leader Virtual Classes chez PTC University. En outre, « en particulier pour des outils métier comme la CFAO, la formation est plus facile en mode présenciel », déclare Olivier Bellaton, de CADécole. En revanche, « s’il ne faut pas laisser un utilisateur se débrouiller tout seul, il peut être intéressant de le laisser s’organiser par lui-même, à partir du moment où on lui a fourni un processus balisé pour se former et s’évaluer », commente Michel Recan. Cela peut passer par le compagnon, mais aussi par un coup de fil à un collègue ou une question posée sur un forum d’utilisateur comme CADxp.com. Et demain, pourquoi pas des contenus visualisables directement sur son iphone ?

Rentrée des classes virtuelles pour PTC

La solution est opérationnelle depuis le printemps aux Etats-Unis ; désormais, PTC University propose aussi aux clients français de l’éditeur de suivre des cours sans se déplacer, dans le cadre de classes virtuelles. Il s’agira de sessions de 4 heures à 8 heures, sur 2 à 4 journées, pour l’apprentissage de Pro/E et, plus tard, de Windchill. « Nous nous limitons à 12 élèves maximum, pour garantir la qualité de la formation. Mais avec cette offre, nous comptons procurer le même service qu’avec une classe normale », annonce Will bailey, leader Virtual Classes chez PTC University. A commencer par l’interactivité entre prof et élèves. Pour cela, l’éditeur utilise Gotowebinar, de Citrix. Par l’intermédiaire d’une barre de menu sur la droite de leur écran, les élèves peuvent lever la main, poser des questions, écrire ou surligner un texte sur la présentation en cours… Et grâce au virtual lab de PTC, ils ont aussi accès à un logiciel le temps du cours, sans acquérir de licence. Bientôt, ils pourront aussi travailler en binômes sur certains exercices. L’intérêt de cette solution ? Le temps immobilisé est le temps effectif de formation et les clients éliminent les frais de voyage et de séjour.

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