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Step AP242 : gage de continuité numérique ?

Step AP242 : gage de continuité numérique ?

 

La norme Step AP242, "Managed model based 3D engineering", sera publiée au cours de l'année 2014. C'est un élément fédérateur important pour les filières automobiles et aéronautiques en quête de continuité numérique tout au long de leur processus industriel.

 

 

Il y a quelques semaines, se tenait à Paris un forum sur le thème de "la continuité numérique supportée par les standards Step AP242-Iso 10303". En clair, il s'agissait de faire le point sur cette normalisation internationale des modèles CAO, dont l'édition 1 est en cours de publication, et d'en mesurer l'impact vis-à-vis de notre industrie. La journée était organisée par l'Afnet, le Gifas, l'Afnor, PLM.Lab et Galia. Elle a mêlé des témoignages d'industriels comme EADS Airbus, Daher, ou Thales, de fournisseurs tels que Dassault Systèmes, Cimpa, Core Technologie, ou Datakit, et de spécialistes de la normalisation et des échanges de données avec Galia, et l'Afnet. Autant d'acteurs qui participent à l'élaboration de cette norme Step représentant un modèle de données 3D ouvert, interprétable par tout système informatique indépendamment du système l'ayant généré.

 

Les enjeux de l'industrie

Step AP242 – Iso 10303 est une nouvelle norme validée par l'organisation internationale de normalisation. Elle sera utilisable pour les échanges de données produits entre le bureau d’étude et la fabrication, dans l’entreprise étendue, mais aussi pour la visualisation des modèles 3D, et l’archivage long terme du dossier de définitions. Archivage qui concerne notamment le secteur aéronautique, que la législation oblige à conserver les données numériques de chaque modèle d'avion pendant une période d'environ 70 ans ! Autant dire que les enjeux sont d'importance. Il s'agit en effet de favoriser l'utilisation d'un modèle de données tout au long de la chaîne du cycle de vie des produits manufacturés, et d'aboutir ainsi à cette fameuse continuité numérique source de compétitivité pour nos entreprises. Pour Jérôme Duprez de Daher, cette continuité numérique est mise à mal dans trois cas de figure exemplaires : l'intégration des modifications pendant le développement du produit, la remonté des propositions des sous-traitants vis-à-vis de la fabrication, et surtout la gestion des configurations. "La normalisation d'un format PLM neutre d'échange représente donc une véritable opportunité. Il constituera également un soutien au déploiement de la 3D dans la chaîne de valeur comme élément de référence. Mais cela exigera la mise en œuvre d'outils pour contrôler la conversion des natifs vers ce neutre Step."

 

Si l'industrie aéronautique peut donc tirer profit d'un standard véritablement démocratisé, le secteur automobile a des besoins semblables comme l'expliquait Alexandre Loire de l'association Galia. "Le contexte est désormais globalisé. Les partenaires, les fournisseurs, les clients et les concurrents sont disséminés sur toute la planète. Les fournisseurs de rang 1 travaillent avec tous les constructeurs automobile. Ces derniers ont constitué des réseaux de PME autour des usines. La clientèle s'est largement diversifiée. Enfin, il s'agit de produire des voitures plus complexes, plus innovantes, dans un time to market plus court, en respectant une législation plus contraignante et parfois en collaborant avec le concurrent d'hier. Le tout avec des outils hétérogènes…" Conclusion, la 3D devient centrale dans l'approche PLM. Elle permet de prendre en charge tous les métiers de la filière, dès le début du cycle de vie des produits, et de maintenir ce cycle vie actif. "Dans ces conditions, Step AP242 est un outil majeur. Elle supporte la 3D, permet de gérer les assemblages en configurations et contraintes, les échanges de features de fabrication, les informations de cinématique, la cotation, etc. C'est pourquoi on assiste à une forte convergence des acteurs de l'automobile et de l'aéronautique vis-à-vis de ce standard".

 

Les éditeurs au premier rang

Cette édition 1 de la norme est effectivement issue du travail des professionnels américains et européens des deux secteurs d'activité. Comme l'expliquait Jean Brangé de Boost Conseils " cette norme répond à des besoins métiers nouveaux tout en étant compatible avec les précédentes, à savoir AP203, AP214, AP239 et Lotar. Beaucoup de travail a été fourni autour de sa documentation afin d'en faciliter la compréhension. AP242 est un gage d’interopérabilité pour les échanges CAO-PLM et notamment les équipes utilisant des environnements PDM partagés. C'est finalement la fusion de l'AP203 et de l'AP214 avec de nouvelles fonctions et un périmètre élargi : PDM, gestion de process, géométrie 2D et 3D, 3D PMI (informations liées à la production), machining features, présentation réaliste, contraintes d'assemblages, 3D Composite Design, cinématique, etc."

 

Au cours de cette journée, différents fournisseurs se sont succédé sur l'estrade pour détailler leur intérêt vis-à-vis de cette norme. Core Technologie par exemple, éditeur de logiciels de conversion de format de données, a réalisé une démonstration d'un transfert de fichiers entre Catia V5 et NX7.5 avec la conservation des PMI, grâce à Step AP242. Pour l'éditeur, le support du dimensionnement et du tolérancement avancé des pièces est un plus indubitable de cette norme. Jacques Heinisch de Dassault Systèmes, insistait lui sur l'intégration de la tesselation dans ce format, et donc de la compression importante des données de maquette numérique. L'assistance a pu visualiser à travers un simple explorateur Windows une géométrie 3D complexe au format Step AP 242. Un viewer Dassault Systèmes permet d'ailleurs de prendre des mesures de ce même fichier tessellé dans une session Internet Explorer.

Tous les éditeurs de logiciels ont également témoigné de l'intégration progressive des caractéristiques de ce format de fichiers dans leurs outils respectifs. Step est d'une manière générale présent depuis longtemps dans la quasi totalité des outils de CAO et de conversion de fichiers. Mais il reste du travail pour intégrer tous les éléments techniques potentiellement supportés par la norme. Qu'il s'agisse de Dassault Systèmes, de PTC, de Siemens PLM et des spécialistes de l'échange de données Datakit, Core Technologie et Tech Soft, présent à cette journée, tous s'accordent cependant sur l’aspect stratégique de la diffusion de cette norme Step.

 

Un standard riche et évolutif

Si une norme Iso facilite la diffusion de pratiques communes, encore faut-il qu'elle limite les interprétations possibles. C'est pourquoi, l'organisation qui a travaillé sur Step AP242 a mis en place un forum d'implémentation pour garantir l’interopérabilité du format. Pierre Duchier d'Airbus Cimpa en a détaillé le fonctionnement. "Les participants à ce forum (Cax implementor Forum) peuvent proposer des recommandations d'utilisation, faire des tests sur des fichiers CAO et établir des statistiques de résultats. Les entreprises ont donc tout intérêt à y participer pour influer sur la communauté si elles souhaitent que les prochaines éditions de la norme prennent en compte leur propres besoins métiers" souligne-t-il. Car, comme les dernières éditions de protocoles Step, sa définition est modulaire, lui permettant d'évoluer et de s'étendre de manière souple.

Les propositions de l'édition 2 portent notamment sur l'intégration de technologies liées au Knowledge Management, à la prise en charge de données de conception des harnais électriques et de tuyauterie, à l'extension des PMI vers les conditions de surface, la gestion des contraintes d'assemblage, ou encore la définition fine des process de fabrication pièces en composite. Bref, Step AP242 est un sujet très ambitieux, mais complexe techniquement. Espérons que les efforts déployés par la communauté qui en à la charge soient payant et qu'un "standard CAO" s'impose enfin…

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