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DE l’ACV au PLM et vice versa

Le respect de l’environnement est devenu un enjeu de société et même une opportunité de développement pour les fabricants de produits. La législation est incontournable et l'industrie est priée de s'y plier. Pour les plus avancés, conception rime désormais avec écologie. Le point sur cette démarche et son outil phare l'ACV.

 

L’industrie se met au vert

C'est pas nouveau, et ce n'est, semble-t-il, pas près de disparaître. L'écologie et son injonction, le développement durable, imprègnent progressivement toutes les sphères de la société : scientifique, médiatique, politique, philosophique et désormais industrielle ! Les règlementations Reach, Eup, DEEE, RoHS, etc, sont autant d'aiguillons qui encadrent les filières industrielles. On peut également évoquer les obligations de marquage des produits en matière d’utilisation de matières « suspectes », ou au contraire la prolifération des labels et logos vis-à-vis de la certification environnementale. La pression est forte.L’Union européenne affiche clairement sa volonté de soutenir et de promouvoir l’éco-innovation. Citons par exemple son plan d’action en faveur de l’éco-technologie dans le cadre du programme pour la compétitivité et l’innovation. Ainsi, entre 2008 et 2013, ce sont près de 200 millions d’euros qui seront mis à disposition des entreprises pour financer des projets éco-innovant en Europe. Difficile dans ces conditions pour certaines filières de fabriquer un produit et de le vendre sans rassurer le client sur son « innocuité écologique ».

Satisfaire la demande de son marché, tout en faisant une bonne action pour la planète c’est bien. C’est encore mieux si cette bonne action constitue pour l’industriel une opportunité de développement ! C’est toute l’histoire de l’Homme et de son évolution : sous la contrainte, l’ingénieur innove et progresse. L’éco-conception est donc une démarche active pour l’entreprise ou le bureau d’études qui en maîtrise les principes.

Logiquement, ce sont les entreprises des secteurs industriels confrontés aux normes environnementales qui sont les plus dynamiques vis-à-vis de l'éco-conception. On citera l'électronique, l'électricité, ou l'automobile qui, d'ici 2015, devra construire des véhicules recyclables à 95%. Sans compter les efforts déployés en direction de la voiture électrique. L'aéronautique est également en tête. Le projet européen Acare par exemple vise à réduire de 50% les émissions de CO2, de 80% pour le NOX, et de moitié le bruit des avions d'ici 2020.Mais, les produits « écologiquement responsables » s’affichent dans tous les domaines, de la torche électrique à manivelle, à la peinture respectueuse de vos poumons en passant par le jouet d’enfant sécurisé à 100%. Bref, le green business décolle.

 

Dans ce contexte, l’éco-conception devient une nécessité. Mais c’est quoi précisément éco-concevoir ? Pour les uns, une contrainte supplémentaire : rester conforme à la législation environnementale tout en minimisant les coûts. Pour les autres, une opportunité favorisant l’innovation, donc la possibilité de se démarquer de ses concurrents. D’une manière générale, éco-concevoir c’est intégrer le respect de l’environnement tout au long du cycle de vie du produit. Dès sa phase de conception, il s’agit de diminuer le poids, les matériaux polluants, l’énergie consommée, tout en augmentant sa durabilité, sa recyclabilité, son bilan énergétique, ainsi que le service rendu à produit équivalent. Dans l’ensemble, une démarche naturelle pour les industriels les plus performants qui sont des Monsieur Jourdain de l’éco-conception.

 

 

L'ACV en question

Avant tout démarche de progrès, la première étape consiste à évaluer la situation, et en l’occurrence les impacts environnementaux du produit/service en question. Pour cela, l'outil le plus employé aujourd'hui est certainement l'ACV : l'Analyse de Cycle de Vie. Cette méthode normalisée ISO repose sur deux principes essentiels : la prise en compte de toutes les étapes du cycle de vie du produit (de l'extraction des matériaux, jusqu'au recyclage du produit), et l'approche multi-critères pour quantifier son impact écologique.

L'ACV consiste à inventorier les flux de matières et d'énergies entrants et sortants à chaque étape du cycle de vie d'un produit. A partir de ces données, on procède à une évaluation des impacts environnementaux, les plus couramment retenus étant l'effet de serre, l'acidification, l'eutrophisation, l'épuisement des ressources naturelles. On retient également en général comme indicateurs la consommation d'énergie et la quantité de déchets générés. Enfin, il s'agit d'interpréter les résultats de cette analyse et d'en déduire les leviers d'amélioration pour le produit en question. Notons que l'ACV peut avoir également d'autres objectifs comme la comparaison d'approches techniques ou d'organisations industrielles du point de vue environnemental, ou encore la communication de performances environnementales de votre produit.

S'il s'agit avant tout d'une démarche d'analyse, l'ACV s'appuie également sur des logiciels pour calculer les impacts environnementaux potentiels à partir des données d’inventaire. Le logiciel aide à construire le modèle de cycle de vie du produit et à y associer les processus élémentaires correspondants. Il intègre donc plusieurs méthodes d’évaluation et différentes bases de données répertoriant les informations sur les flux entrants et sortants pour chaque type d'activité. On citera par exemple Simapro ou Gabi, deux outils très courants. Il existe des bases de données généralistes comme EcoInvent par exemple ou spécifiques à une filière, par exemple EIME pour les produits électriques et électroniques.

 

Des outils plus adaptés aux PME

Mais, comme le souligne Viet-Long Duong, Consultant Environnement et Développement Durable au Cetim : « les techniques d'ACV traditionnelles sont trop complexes, longues et coûteuses pour être employées par les industriels et surtout par les PME. Les plus courageux se lancent dans l'aventure pour un ou deux produits et communiquent largement sur le sujet. Mais peu intègrent pleinement la démarche en bureau d'études. » Et dans la majorité des cas, l'ACV est réalisée par un cabinet spécialisé. C'est pourquoi le Centre technique avec le concours de l'Ensam propose une alternative adaptée aux PME industrielles : Maïeco. Cette méthode a donné lieu à une norme NFE 01-005 et une application logicielle baptisée Atep (Analyse Typologique Environnementale Produit).

Il s'agit d'un outil d'ACV simplifié et d'une méthodologie structurée d'amélioration du produit. En 2013, une nouvelle version d'Atep sera disponible gratuitement sur le site internet du Cetim. Maieco permet de dérouler de manière pragmatique et progressive une démarche d’éco-conception. La PME acquiert progressivement les compétences et l’expérience pour éco-concevoir ses produits. Cette méthodologie peut, en outre, faire l’objet d’une reconnaissance au titre de l’ISO 14001 pour la conception de produits.

Autre projet qui découle d'un constat semblable, Corine (Conception Optimisée pour la Réduction de l'Impact des Nuisances Environnementales) regroupe une dizaine de partenaires dont Eurocopter, … Retrouver la suite dans notre magazine papier

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