BIM

Maquette numérique BIM : investir pour récolter…

Autodesk et Leica Geosystems organisaient fin novembre une table ronde baptisée : « Les rencontres du BIM ». Trois témoignages d’utilisateurs ont permis d’aborder l’état des lieux, les enjeux et défis de la maquette numérique dans le secteur du bâtiment.

La maquette numérique est un élément fondamental de la démarche BIM. Dans les trois projets présentés lors de cette table ronde « Les Rencontres du BIM », il s’agissait de rénovation ou de reconversion de sites existants. Et pour obtenir un relevé précis de l’existant, ce sont des techniques numériques qui ont été utilisées à chaque fois. Photogrammétrie par drone, acquisition par scanner 3D fixe, ou sur équipement mobile pour des environnements larges, les techniques ont parfois été mixées selon les besoins. Dans les trois cas, l’usage de méthodes traditionnelles « manuelles » n’étaient pas envisageables ne seraient-ce que pour tenir les délais impartis. Et les trois témoins sont unanimes, le relevé numérique s’impose désormais sans retour possible en arrière…

Pour son projet de modélisation 3D d’une gare SNCF, Guillaume Berson de TT Géomètres Experts explique que si « 21% du temps global fut consacré au relevé, c’est la partie reprise du nuage de points en modélisation 3D qui constitue le gros du travail. Nous avons utilisé différents LOD en fonction des besoins de notre client pour chaque zone de la gare. Au total, nous avions tout de même 400 Go de données… »

Le Leica BLK2FLY est un scanner laser volant autonome avec un contournement avancé d’obstacles, pour la capture de la réalité à partir du ciel.

Samuel Luzon de SJL Architecture témoignait, lui, du relevé d’une maison de 550 m2 en vue de sa rénovation. « Nous avons utilisé près de 150 positions pour scanner l’extérieur et l’intérieur de la maison. Cela représente une grosse journée de travail et environ 60 Go de données pour le nuage de points résultant. La maquette 3D, les plans de coupe et de façade générés ont permis d’évaluer rapidement l’ampleur du projet, de découvrir des différences de niveau, difficiles à mesurer avec une approche traditionnelle, et même la présence d’une pièce fantôme que nous n’avions pas vue lors de nos visites sur sites ! » Comme pour le témoignage précédent, c’est l’étape suivant le relevé sur place qui prend le plus de temps. « Il faut exporter le nuage de points depuis le scanner Leica vers Autodesk Revit. Avec des allers/retours entre les images de la maison capturées par le scanner et le logiciel de CAO pour décider de ce qui doit ou pas être modélisé en 3D, et avec quel degré de détail. Cela a pris entre 3 et 4 jours de travail pour obtenir un modèle 3D pleinement exploitable. »

Le scan 3D d’une maison de 550 m2 en cours de rénovation a permis d’évaluer rapidement l’ampleur du projet, de découvrir des différences de niveau, difficiles à mesurer avec une approche traditionnelle, et même la présence d’une pièce fantôme…
Coupe réalisée à partir du nuage de points. Docs. : SJLARCHITECTE – Samuel LUZON

 

Plan de coupe. Docs. : SJLARCHITECTE – Samuel LUZON

Troisième témoignage, celui de la société Quarta, cabinet de géomètres mandaté pour numériser l’Hôtel Dieu de Rennes. Plusieurs techniques de relevé, par scanner 3D et photogrammétrie, ont été employées pour construire un modèle 3D avant, pendant et après la reconversion du bâtiment. A la question : pourquoi le BIM ? Jean-Baptiste Geldof répond : « C’est un bâtiment historique, complexe, de grandes dimensions. Il nous fallait des données fiables dès le début du projet et fournir à tous les intervenants un modèle unique de l’existant pour faciliter le partage, la compréhension et l’adoption du projet par les différents intervenants. » Entre les campagnes de 2018 et 2020, 180 h de scan ont été réalisées, 100 h de calcul d’assemblage de ces nuages de points, enfin 700 h de modélisation 3D sur la dernière intervention majeure. « L’ensemble du projet de reconversion de l’Hôtel Dieu a reposé sur la maquette. Celle-ci était hébergée sur Autodesk BIM 360 et a permis tous les exports 2D classiques. Enfin, elle a constitué un support indispensable pour la préparation du permis de construire » ajoute Jean-Baptiste Geldof.

Avantages VS inconvénients de la maquette 3D

Les trois intervenants de la table ronde sont d’accord sur les points positifs et négatifs d’une démarche BIM et notamment de la mise en place d’une maquette 3D à chaque projet d’envergure. En premier lieu, cela permet à plusieurs intervenants de travailler simultanément sur un modèle unique et fiable. Ils peuvent générer toutes les coupes et vues qu’ils souhaitent, les communiquer aux membres de l’équipe pour faciliter la compréhension du travail à réaliser, et surtout au maître d’ouvrage. Associées à des images réalistes issues elles aussi de la maquette 3D, ces informations permettent de visualiser clairement le résultat avant le début des travaux. C’est aussi grâce à la maquette 3D que l’on peut découvrir très tôt d’éventuels clashs ou mauvaises connexions. Erreurs coûteuses lorsqu’elles sont détectées sur le chantier. N’oublions pas le principal : le gain de temps ! Il peut être immédiat dès le relevé de l’existant sur des structures complexes qui exigeraient des semaines de relevés manuels, avec tous les risques d’erreurs et aller/retour sur site. Ou en aval en phase de chantier.

 

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