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UN PAVÉ DANS LA MARE DU NUMÉRIQUE

L’ère du numérique est accompagnée de messages régulièrement véhiculés par les médias. Les écrans, jeux vidéo, et le numérique en général développent la créativité des enfants et favorisent leur apprentissage. Cette stimulation du cerveau accroît leur réactivité et leur capacité d’attention. Enfin, les digital natives sont plus doués pour les technologies que leurs aînés…

“La Fabrique du crétin digital”, livre de Michel Desmurget, docteur en neurosciences, démonte ces idées reçues. Le chercheur au CNRS montre tout d’abord que l’exposition des enfants aux écrans est “extravagante”. Presque 3 heures quotidiennes à 2 ans, 5 à 8 ans et près de 7 à l’adolescence ! En outre, les enfants de milieux défavorisés ont, en moyenne, une consommation récréative de ces écrans presque deux fois plus importante que leurs homologues de milieux aisés.

“Or, toutes les études sérieuses sur le sujet montrent que le cerveau des enfants n’est pas adapté à une telle exposition. Dès 15 à 30 mn par jour, on relève des effets négatifs significatifs sur le développement de l’intelligence, du langage, de l’attention ou le risque d’obésité. Pour apprendre, nos neurones ont besoin d’interactivité humaine” explique M.Desmurget. En se substituant aux activités indispensables ou enrichissantes comme les devoirs, le sport, le sommeil, ou la lecture, le numérique récréatif à un impact négatif sur la réussite scolaire. Au passage, un sondage Opinion Way montrait en 2013 que 14% des enfants de 11 ans ne lisaient jamais. Le chiffre atteint 46,5% cette année !

Quant à la supériorité des enfants vis-à-vis de la technologie, c’est un lieu commun. D’une part parce que leurs usages se limitent à des applications conçues pour être aussi simple d’emploi qu’une brosse à dents (SMS, réseaux sociaux, diffuseurs de vidéos, retouche automatique d’autoportrait, etc.). D’autre part, “il n’y a pas de différence significative d’aptitude ou d’usage entre les jeunes générations et leur devancières immédiates qui, entre parenthèses, ont inventé ces outils. C’est un mythe qui rassure les parents en leur donnant l’impression que leurs enfants sont des génies de l’informatique et qu’ils “savent autrement”. Cette idée rend moins inquiétant l’effondrement sans précédent des aptitudes langagières, de concentration, de réflexion et de mémorisation de nos progénitures” dixit Michel Desmurget.

Bref, en cette période de rentrée scolaire, prenons de bonnes résolutions. Limitons le temps d’exposition aux écrans numériques de nos enfants. Occupons-nous d’eux, plutôt que de les occuper… Et méditons sur tous ces dirigeants de l’industrie du digital en Californie qui dépensent des sommes importantes pour placer leurs ouailles au sein d’établissements 100 % sans écran…

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